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Éléonore Dessureault

Quand la culture des diètes se propage à la vitesse d'un virus

Je ne révolutionnerai pas le monde en vous disant que les réseaux sociaux ont plusieurs effets néfastes sur nous, malgré leurs bons côtés... Mais j'avais envie d'écrire sur leur influence sur notre relation avec la nourriture. La culture des diètes nous affecte tous et toutes à plusieurs niveaux de nos jours, et c'est en grande partie parce qu'elle fait partie de notre quotidien, à travers les messages qui se rendent à nous, notamment par les réseaux sociaux.

Le danger des réseaux sociaux par rapport à la nutrition (mais aussi plusieurs autres domaines) est le fait que n'importe qui peut se permettre de dire n'importe quoi et son message peut atteindre BEAUCOUP de personnes RAPIDEMENT. Ce genre de situation peut malheureusement causer beaucoup de tort sur une population quand on parle de santé.


Avec l'arrivée de TikTok et des « reels » sur Instagram, je m'aperçois que ce phénomène prend de plus en plus d'ampleur. On fait face à des «trends» (des publications virales), ce qui fait en sorte que non seulement une personne peut dire n'importe quoi et son message pourra se propager et atteindre beaucoup de gens, mais en plus, il peut être reprit par plusieurs et donc le nombre de personnes qui seront touchées par le message sera exponentiel. Aussi, plus on entend et se fait répéter une information, plus il y a de chances que celle-ci nous rentre dans la tête. C'est donc un côté « sombre » des réseaux sociaux qui, lorsqu'en lien avec l'alimentation, peut avoir un gros effet sur notre relation avec la nourriture.


La recette miracle pour devenir «viral» sur les réseaux sociaux

Premièrement, c'est quoi être viral ? Ça signifie qu'une publication (dans le cas des réseaux sociaux) s'est partagée/propagée à la vitesse d'un virus. Ai-je vraiment besoin de vous expliquer comment fonctionne un virus ?


1. Trouver le public cible.

Pour qu'une publication sur l'alimentation devienne «virale» sur les réseaux sociaux, il faut que l'information soit attrayante, mais surtout qu'une grande partie de la population s'y intéresse. Ceci étant dit...

  • Plus de la moitié des adolescents sont insatisfaits de leur apparence corporelle.

  • Près de trois femmes sur quatre veulent perdre du poids, et ce, peu importe leur poids.

  • Près d'un homme sur cinq est insatisfait de son poids.

Données de l'Organisme ÉquiLibre ( https://equilibre.ca/notre-approche/lapproche-dequilibre/ )


Le public cible du type de publications qui deviennent virales est donc souvent les gens qui tentent de perdre du poids/qui veulent changer leur apparence corporelle. Puisque la culture des diètes est bien ancrée dans notre société, nous sommes souvent vulnérables face à ce genre de publications.


2. Trouver un produit miracle.

Pour qu'une publication en lien avec l'alimentation soit appréciée et repartagée exponentiellement, elle doit avoir un caractère miraculeux. Ce que je veux dire par là, c'est que de vendre de bonnes habitudes de vie fonctionne rarement sur les médias sociaux. (En plus, même promettre que de saines habitudes de vie auront inévitablement un impact sur le poids des gens serait un mensonge : https://www.centreneofit.com/post/manger-moins-bouger-plus-pour-perdre-du-poids-vraiment ) On a souvent tendance à chercher une solution rapide et efficace et c'est là que l'industrie des diètes entre en jeu. En 2019, l'industrie des diètes aux États-Unis valait plus de 72 milliards de dollars... Ça, c'est le résultat de beaucoup, beaucoup, beaucoup de produits miracles vendus!


3. Trouver la bonne personne pour partager l'idée

Évidemment, un message se répand plus vite lorsque la personne qui nous le transmet est un modèle, une inspiration, etc. La meilleure amie de la culture des diètes (pour qu'une publication devienne virale) serait donc une personne mince, qui est heureuse et qui a confiance. N'ayez crainte, je n'ai rien contre les personnes minces, heureuses et confiantes, c'est tout simplement une observation que j'ai fait en défilant mon compte Instagram. C'est le messager qui semble le plus fonctionner.


Des exemples de «tendances virales» alimentaires issus de la culture des diètes

  • De l'eau à la chlorophylle : Les gens qui utilisent ce produit suggèrent que ça ferait perdre du poids. Le verdict sur ce produit : les légumes verts que nous mangeons contiennent tous de la chlorophylle. De plus aucun aliment ni produit n'a le pouvoir de nous faire perdre du poids (ou prendre du poids).


  • De l'eau au citron : Celui-là n'est pas apparu avec tiktok, mais est récemment redevenu populaire sur cette plateforme. Sur les réseaux sociaux, on peut lire que l'eau au citron aiderait à faire perdre du poids, éliminerait les toxines de notre corps, améliorerait notre digestion, etc. Je le répète : aucun aliment ni produit n'a le pouvoir de nous faire perdre du poids. Aussi, le concept de détox, c'est issu de la culture des diètes. Notre foie a le rôle de détoxifier notre corps et on n'a pas besoin de le faire par d'autres moyens (de toute façon, ça ne fonctionne pas).


  • Les vidéos du genre « What I eat in a day » (ce que je mange dans une journée) : Dans ce type de vidéo, on voit souvent le corps (mince et musclé) de l'«actrice» en introduction, et ensuite ce qu'elle mange «pour avoir ce corps», ainsi que le nombre de calories, la quantité de certains nutriments pour chaque repas, etc. Ce genre de vidéo peut servir de source d'inspiration pour les repas, mais peut aussi créer un sentiment de culpabilité lorsqu'on compare notre alimentation à celle de l'actrice. De plus, une saine alimentation ne se traduit pas par un nombre de calories et par la quantité de certains nutriments dans un repas. Finalement, en écoutant ce genre de vidéo, on renforcit notre idée que certains aliments sont bons et d'autres sont mauvais, ce qui nuit à notre relation avec la nourriture.


  • Les publicités de produits alimentaires «miraculeux» : Les produits miraculeux (je pense ici aux «fat burner», cures de jus, etc.) se vendent à un prix de fou et les influenceurs sont souvent sollicités pour vendre ces produits, puisqu'ils sont « la bonne personne pour partager le message ». Ils sont les modèles de plusieurs jeunes et donc la parfaite clientèle cible, sachant que plus de la moitié des adolescents sont insatisfaits de leur apparence corporelle. Les influenceurs vendent donc les produits en ventant les supposés bienfaits de celui-ci. Notez ici que les allégations sont très souvent erronés, c'est à faire grincer les dents d'une future nutritionniste. ;)


Je pourrais continuer la liste encore longtemps, mais je préfère vous expliquer comment démasquer la culture des diètes. Ça peut être vraiment difficile, parce que l'industrie trouve des manières bien insidieuses de nous passer ses messages. Un premier conseil que je peux vous donner est de toujours remettre en doute les conseils qui vous sont donnés, les vertus d'un produit qui vous semble miraculeux et les publications sur les réseaux sociaux qui vous font croire que c'est facile de perdre du poids et que ça nécessite simplement de la volonté. Un truc que j'utilise souvent quand je ne suis pas certaine d'une information est de chercher le contraire de ce que je viens de lire. Par exemple : si je vois que le jus de citron peut détoxifier notre corps, je chercherais « Pourquoi le jus de citron ne peut pas détoxifier notre corps? ». De cette façon-là, je m'expose à deux points de vue différents, je peux comparer les sources d'informations et ensuite me faire une tête avec ce qui fait le plus de sens à mes yeux. Ici, je prioriserais les informations provenant d'articles de nutritionnistes à ceux d'une vidéo TikTok, par exemple.


Pour démasquer la culture des diètes, vous pouvez aussi vous fier aux émotions que vous ressentez en regardant vos réseaux sociaux. Quand vous ressentez de la culpabilité par rapport à votre alimentation ou encore de la honte ou du jugement, c'est souvent parce que la culture des diètes s'y cache. Faites attention à vous et à votre relation avec les aliments en démasquant la culture des diètes.

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